Résumé :
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A la question de savoir pourquoi l'homme est un animal politique, le théologien redoute de donner une réponse qui ne serait pas recevable par le philosophe. Ainsi, la mise en valeur de la sociabilité originelle du premier couple humain, outre qu'elle repose sur un récit de forme mythique, étonnera par l'importance qu'y prendront à la fois Dieu et le Tentateur comme sujets, certes asymétriques, de la Cité primordiale. Or, Thomas d'Aquin va retirer de ce récit trois dimensions essentielles de la Cité en tant que fondatrices de l'énergétique sociale : 1, le drame humain des intelligences libres engage de soi l'eschatologie de la sanction divine ; 2, le pendant eschatologique (Satan) ne peut qu'attirer à sa perte les libertés par le jeu ostentatoire de la tentation ; 3, trop discrète, l'émulation demeure malgré tout la raison la plus profonde pour expliquer les formes de l'animalité politique. Cette émulation n'est donc par assimilable à celles des sociétés animales. Contre le vertige inévitable né des approches de la Nature divine infinie, le désir de l'humanité immortelle doit s'apprivoiser par l'émulation "politique" de la recherche métaphysique et des pratiques de religion. La cité humaine est en vue de Dieu, et c'est à cause même de ce qu'est Dieu qu'elle est requise de s'organiser.
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