Résumé :
|
Tenter de définir ce qu'est la reconnaissance pour Paul Ricoeur est de l'ordre de la gageure. En effet, comme Jean Greisch l'écrit dans la préface du 1er volume de la "Philosophie de la volonté", cette oeuvre "peut être lue, du début à la fin, comme un vaste 'parcours de la reconnaissance'". Une première manière d'aborder la question vient au début de son oeuvre, dans "L'image de Dieu et l'épopée humaine", et revient comme en écho dans le "Parcours de la reconnaissance". Elle consiste en l'analyse des sphères de reconnaissance, dans l'attention à leur distinction. Une autre manière est exposée dans "Temps et récit", examinant la temporalité de l'expérience. C'est cette exposition que nous suivrons. Le point de vue temporel a l'intérêt d'être transversal par rapport à l'abord structurel, et si celui-ci décline la diversité des sphères, celui-là soulignera l'unité de l'expérience. Cette unité de déploie selon trois temps qui vont former ensemble la temporalité de la reconnaissance : le temps de la vision où le passé est rassemblé sous la métaphore de l'éternité, celui de la visitation où le présent se fait voix, échange de paroles, et celui du suspens où l'avenir se propose comme monde possible d'une action commune et durable. Ce troisième temps nous permettra de revenir à la triple sphère du valoir, du pouvoir et de l'avoir, afin de montrer comment ces sphères tour à tour sont traversées. En retour se posera la question d'un temps et d'un lieu privilégiés de reconnaissance, à l'entrecroisement de l'expérience personnelle et commune, point source d'où elle jaillit chaque fois à nouveau.
|