Résumé :
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Associer le témoignage à la vérité peut surprendre en ces temps qui lui préfèrent la preuve scientifique, la force du démontrable. Pourtant c'est précisément parce qu'il manque de preuve, et qu'il en appelle moins au savoir qu'à la confiance, que le témoignage nous alerte. Ce que la preuve apporte à la vérité, le témoignage le porte. Il est moins de l'ordre de la connaissance comme la preuve que la reconnaissance. Le témoignage est une épreuve du vrai. Il travaille assez une existence en son témoin pour qu'il atteste en lui une vérité qui le dépasse. Alors la valorisation contemporaine du témoignage - des rescapés de génocides aux témoignages de malades - devient révélatrice d'une modalité du régime de la vérité, refusant dogmatisme et relativisme, propre à notre temps. Dans cet article on soutient l'idée que le témoignage serait l'actualité du vrai en son témoin. Dit autrement, il serait une médiation privilégiée mais fragile pour "présenter" le vrai sans pouvoir le démontrer ; une manière de ne pas renoncer à l'universel présent dans l'idée de vérité sans pour autant céder sur la singularité historique de l'existence et des situations.
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