Résumé :
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Dans la plaine les champs de céréales sont passés du vert à l'or, puis au chaume pâle, les mésangeaux ont grandi, le jardin a donné de pleins paniers rutilants et verdoyants. Les enfants, les petits-enfants, la parenté et les amis sont venus. Il reste des traces visibles de leur passage, des chaussettes oubliées, un ballon rouge dans l'herbe, une grande table installée pour s'y asseoir à dix ou douze. Les flèches de châtaignier ornées d'un filetage de cuivre, artisanat de nos petits Indiens sont un clin d'oeil dans l'ombre de la cave. Ces menus signes dispersés, je n'ose les enlever encore. De toutes façons, il restera l'invisible : la mémoire qui pèse dans chaque coin de la maison, des collines, du village. Une mémoire augmentée d'année en année. Aujourd'hui, dans la beauté du silence revenu, près des rosiers qui "remontent", je laisse fleurir en moi des images. J'en tiens le compte, je savoure et je loue. Nous sommes de grands remâcheurs de temps? Qu'il faille se défier de la volupté comme des nostalgies amères d'une telle rumination est une évidence.
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