Titre : | Balbutiement du verbe et poétique de la chair : Ecritures et rationalité chez Maître Eckhart (2013) |
Auteurs : | Eric Mangin, Auteur |
Type de document : | Article : texte imprimé |
Dans : | Revue des sciences religieuses (Strasbourg) (87e année - n° 2 (n° 336), Avril 2013) |
Article en page(s) : | pp. 239-252 |
Note générale : |
Maître Eckhart (1260-1328) est l'une des grandes figures de la pensée médiévale. Comme Thomas d'Aquin, il a enseigné à deux reprises à la faculté de théologie de l'Université de Paris. En tant que dominicain, il a également exercé de lourdes responsabilités au sein de son ordre à Erfurt, Strasbourg et Cologne. C'est enfin un auteur majeur, un écrivain dont on reconnaît aujourd'hui l'apport décisif à la langue allemande. Toute son œuvre s'efforce d'exprimer le lien entre l'Incarnation du Verbe et la filiation divine de l'homme. Eckhart s'inscrit ainsi dans la grande tradition théologique issue des Pères de l’Église.
Tous ses écrits montrent la cohérence entre les différents champs du savoir, l'accord entre l'enseignement contenu dans l’Écriture et la lumière naturelle de l'âme raisonnable. La raison révèle la profondeur infinie de l'être. Et le problème essentiel est donc en fin de compte celui de l'écriture. Comment est-il possible d'exprimer ce qui se donne à travers le langage sans jamais s'y réduire ? Les mots seront toujours insuffisants devant la grandeur de ce qui est à dire, juste quelques balbutiements du Verbe à travers le langage humain. Et en même temps, c'est à travers l'épaisseur de celui-ci, du corps du texte, que quelque chose cherche à se dire... comme une poétique de la chair qui laisse transparaître l'indicible. Renoncer à tout dire mais non à pouvoir le dire. Eckhart nous rappelle ainsi que l'écriture est un travail permanent et parfois douloureux pour dire ce qui ne peut être dit. Il ne peut y avoir une réflexion sur la rationalisation sans une interrogation au sujet du langage dans lequel elle s'exprime. |
Langues: | Français |