Note générale :
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Deux ans après le début des révoltes qui ont secoué le Monde Arabe, l'opinion publique internationale est passée, à propos de ce qu'il est convenu d'appeler le "Printemps arabe", d'un optimisme superficiellement emphatique à un jugement tranchant et pessimiste sur des transformations survenues, qui n'iraient que dans le sens d'un islamisme fanatique et obscurantiste. Or, non seulement les révoltes arabes nécessitent d'être situées dans le cadre d'une évolution politico-sociale et non exclusivement religieuse, mais il faut aussi comprendre que l'islam est multiple, interprété, vécu par des peuples, des groupes, des penseurs, des mystiques qui se l'approprient à partir de sensibilités historiques et culturelles propres. Dans cette contribution, on voudrait montrer quelque chose de la complexité de l'univers islamique, qui ne concerne pas seulement le monde turc que l'on va traiter ici. En essayant de décrire le lien entre évolutions politiques, religieuses, intellectuelles et sociales dans l'histoire turco-ottomane, qui font de la Turquie le véritable laboratoire non sécularisé de l'adaptation à la post-modernité, on voudrait permettre implicitement de comprendre pourquoi on évoque si fréquemment l'idée du "modèle turc" au cœur des révolutions arabes.
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