Note générale :
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Que voit-on quand on regarde le monde ? Dans cette œuvre que l'historien de l'art italien Vasari (1511-1574) considérait comme le tableau le plus beau et le plus célèbre de toute la peinture, Raphaël pose la question de la vision spirituelle. Jules de Médicis qui venait d'être nommé cardinal et évêque de Narbonne (il sera le futur pape Clément VII), lui commande une Transfiguration contrairement à tous les usages iconographiques, Raphaël peindra à la fois la scène de la transfiguration et celle de l'incapacité des apôtres à guérir un lunatique, qui la suit dans le texte évangélique. Dans la première, figurée sur le registre supérieur, il y a bien trop à voir: les apôtres n'y résistent pas et se couvrent les yeux pour ne pas être éblouis de la gloire divine. Jésus ne les regarde d'ailleurs pas: s'affranchissant des lois de la pesanteur mais aussi du monde des apparences terrestres, il tourne son regard vers les cieux pour indiquer que le changement de forme que subit son corps n'est que l'annonce de la gloire céleste qu'il va bientôt connaître. Le registre inférieur est en clair-obscur car la lumière divine n'a pas encore gagné les disciples . Ceux-ci n'arrivent pas à guérir le petit lunatique.Ils prennent donc des attitudes variées, comme autant de manière de regarder et de montrer pour voir. Aucune n'exprime toutefois le regard de foi: ils en restent aux apparences et tournent le dos à la vision béatifique qui se tient sur le mont Thabor (même si certains la désignent) comme s'ils l'avaient vu sans la voir. Qu'ils se convertissent! ! proclame la figure féminine du premier plan, dont la posture vrillée est l'expression même du retournement qu'ils devront accomplir.
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