Titre : | "Il y a quelque chose de divin dans l'être humain" (2009) |
Auteurs : | Muriel Du Souich, Auteur |
Type de document : | Article : texte imprimé |
Dans : | Points de repère (N° 232, 01/11/2009) |
Article en page(s) : | pp. 8-10 |
Langues: | Français |
Résumé : |
Jésus qui à la fois une nature humaine et une nature divine, c'est invraisemblable !
Marcel Domergue : le mot "incarnation" est mal choisi. Littéralement, il signifie :"Le Verbe est dans la chair." Dieu serait à l'intérieur de l'homme, comme un locataire dans un appartement. Or ce n'est pas du tout ce que dit saint Jean au début de son évangile : "Le Verbe s'est fait chair", c'est-à -dire que tout le divin devient humain. Jésus n'agit pas tantôt en être humain, tantôt en fonction de sa nature divine. Il n'y a pas d'Incarnation si Dieu n'est pas là quand Jésus est fatigué, quand il a faim ou soif dans le désert, quand il souffre sur la croix. Dans le Jésus que les Apôtres fréquentaient, il n'y a pas de "restes" : tout ce que fait et dit Jésus est l'expression du Dieu éternel et invisible. Tout ce qu'il y a dans le Père est dans le Fils, dit Jésus dans l'évangile de Jean. Et réciproquement, tout ce qu'il y a dans le Fils est dans le Père. Tout ! Pas de "reste". Cela para^t quand même bien étrange ! N'allons pas nous représenter le Christ comme une intervention abrupte et imprévisible de Dieu dans l'humanité, un deus ex machina comparable à une météorite. Dès les premiers balbutiements du monde, dès le début de la Création, la logique de l'Incarnation est à l'oeuvre. Au premier chapitre de la Genèse, nous lisons que Dieu crée par la Parole tout l'univers, et l'homme à son image et à sa ressemblance. Il y a comme des degrés. Ainsi, sans les sels minéraux, les végétaux n'existeraient pas ; chaque étape de la Création récapitule, reconduit la précédente et la mène plus loin. Le Christ est le sommet. Depuis qu'il y a quelque chose dans le monde, il est comme en gestation, en préparation. L'Apôtre Paul le nomme "l'icône (l'image) du Dieu invisible. Et Jésus, quelle est sa place dans cette logique de l'incarnation ? Ce à quoi l'homme doit arriver, c'est justement le Christ. Depuis le commencement, le Christ est le projet vers lequel doit tendre toute l'humanité, ce à quoi elle doit parvenir. Paul l'appelle "l'homme terminé", l'homme terminal. "Comment cela se fait-il, il est déjà venu !" me direz-vous. Attention, il est déjà venu, mais l'Evangile nous dit aussi qu'il viendra. Il n'aura pas achevé son histoire tant que l'humanité n'aura pas achevé la sienne. Le dernier jour de la Création, ce sera la fin de l'histoire, la sienne et la nôtre. Pour la foi chrétienne, ce qui arrive ne s'explique pas seulement par le jeu mécanique des "causes" qui le précèdent et le produisent. Pour nous en effet, tout est sous le régime, la mouvance de l'Esprit. Nous voici donc dans un univers de liberté, de buts à atteindre. Tout est commandé par la fin, y compris le commencement. Si l'on décide, par exemple, de construire un immeuble, cet immeuble à venir, pas encore là (la "fin"), va déterminer les plans de l'architecte, la réunion des fonds nécessaires, les actions successives de tous les corps de métier. La fin commande les moyens et tout devient étape vers quelque chose d'ultérieur. Or, l'homme en chemin n'est autre que Jésus lui-même, le Jésus de la fin. "Jusqu'à ce que nous parvenions tous ensembles à l'unité, dans la foi et la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme parfait, à la taille même qui convient à la plénitude du Christ", dit Paul (Ephésiens 4, 9-13. |
Note de contenu : | Il n'y a rien de magique dans l'incarnation. Depuis le commencement du monde, nous sommes crées à la ressemblance de Dieu et la venue du Christ est préparée. Il est le projet vers lequel doit tendre toute l'humanité. |