Titre : | Ressources (2008) |
Auteurs : | Tim Guenard, Auteur |
Type de document : | Article : texte imprimé |
Dans : | Initiales (n° 212, Novembre-Décembre 2008) |
Article en page(s) : | pp. .36-39 |
Langues: | Français |
Résumé : | Quelques semaines plus tard, le président de la France, Georges Pompidou, mon père m'accorde la dérogation demandée. je ne suis qu'un voyou peu recommandable qui a une chance sur deux d'aller passer la moitié de sa vie en prison. Monsieur Pompidou n'en a rien a fiche d'un sale gosse comme moi. Il n'aurait pu accorder aucun intérêt aux lignes mal écrites et pleines de fautes d'un enfant perdu, d'un môme de rien du tout, alors qu'il reçoit des piles de lettres recommandées chaque jour, qui viennent des quatre coins du monde, et qu'il a tout un pays à gouverner, et des tas de soucis en tête. Ce monsieur Pompidou devient, dans mon panthéon personnel, un grand homme.Car il s'est préoccupé d'un petit, d'un sans voix. Il s'est soucié de poser un acte en apparence anodin, qui ne le mettra jamais en avant, qui ne sera jamais publié dans les journaux, ni à la télévision, qui ne lui apportera aucune voix aux élections, qui ne sauvera pas la France.Cet acte désintéressé du Président, cette confiance du juge, qui aurait pu jeter ma lettre à la corbeille et prétexter qu'elle s'était perdue dans les multiples services de l'Elysée, sont pour moi des détonateurs d'humanité. Ces gens me rendent meilleurs. |
Note de contenu : |
"C'est mon père"
A la fin des année cinquante, Tim est abandonné à trois ans par sa mère, puis recueilli et battu par son père. Il est balloté d'hôpital en familles d'accueil, finissant dans une maison de correction. Après un énième délit, à quelques mois de ses 16ans, il rencontre un juge des enfants qui l'écoute. Avec elle, il décide d'entreprendre un apprentissage de sculpteur, demande une dérogation au président Pompidou pour commencer sa formation avant ses 16 ans révolus. |