Note de contenu :
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Le mot qui se pose sur la chose, comme la chose qui se glisse sous le couvert du mot, dans un échange incessant, une rencontre où chacun montre un autre visage, forment ce langage qui n'appartient pas plus à l'un qu'à l'autre, ni aux deux à la fois, mais à cet équilibre toujours fuyant : du dedans, un horizon à peine naissant, dont on ne connaît pas encore le nouveau monde. La parole a été semée dans le monde - un monde qui était déjà une parole, d'avant les mots, le signe encore muet, la chose sans le bâton qui en fait jaillir la source mobile et transparente. C'est toujours la parole qui parle. Et nous ne le savons pas. Comme nous ne savons plus que les mots nous viennent de Dieu. Les langues sont nées de Babel, les bavardages et le vain affairement, des coeurs alourdis, mais la parole est ce foyer des commencements. Et les langues cherchent la parole comme la fraîcheur d'un premier jaillissement, d'une première ressemblance.
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