Titre : | Saint-Paul visite saint Pierre en prison (2005) |
Auteurs : | Dominique Ponnau, Auteur |
Type de document : | Article : texte imprimé |
Dans : | Prier (n° 272, Juin 2005) |
Article en page(s) : | p. 22-23 |
Langues: | Français |
Note de contenu : |
Fresque Filippino Lippi (1457-1504) : Chapelle Brancacci, Florence
La vie de Filippo Lippi, ou Fra Filippo Lippi, est celle d'un homme entré dans les ordres malgré lui. Sa vocation profonde était la peinture. Aussi le considère-t-on à son époque comme un moine « scandaleux » qui ne respecte pas ses vœux et particulièrement celui de chasteté. Lippi est orphelin et recueilli très jeune par les moines du couvent des Carmes de Florence. Bien entendu, les ecclésiastiques le destinent à la prêtrise et il prononce ses vœux dès l'âge de quinze ans. Vers l'âge de 25 ans (environ 1431), il quitte le couvent pour se rendre à Padoue puis revient à Florence en 1437. Il ne réintègre pas le couvent des Carmes et mène une existence lui permettant d'utiliser ses dons exceptionnels pour la peinture. Cette vie séculière lui permet aussi de fréquenter des femmes, ce qui, immanquablement, fera scandale au 15e siècle. Lippi entre au service des Médicis en 1438 et c'est la protection de Cosme de Médicis (1389-1464) qui le sauvera par la suite. Il est emprisonné en 1452 pour avoir encaissé une rémunération sans effectuer le travail, mais obtient malgré tout le poste de chapelain du couvent Sainte-Marguerite de la ville de Prato (Toscane). Il y rencontre une jeune religieuse de 20 ans, Lucrezia Buti, fille d'un marchand de soierie. Lucrezia servit de modèle à Lippi pour des fresques et il en devint éperdument amoureux. Lors de la procession de Sacra Cintole de 1452 (la Sainte Ceinture, relique de la Vierge conservée au Duomo de Prato), il enlève la belle religieuse après avoir découvert qu'elle était enceinte. Le scandale éclate et Lippi est accusé par la justice florentine d'avoir corrompu une jeune et innocente nonne. Le mécène de Filippo Lippi, Cosme de Médicis, intervient alors auprès du pape Pie II (1405-1464) qui accorde la grâce de Lippi et relève de leurs vœux les deux protagonistes. En 1458, Filippo, âgé de 52 ans, épouse la jeune Lucrezia. Celle-ci servira de modèle à Lippi à plusieurs reprises. Deux enfants naîtront de cette union, Filippino (1457-1504), qui devint peintre, et Alessandra (née en 1465). A propos de l'affaire Lippi, qui fit grand bruit, Georgio Vasari (*) rapporte une phrase de Cosme de Médicis : « Si un artiste a véritablement du talent et quelque vice, même laid et que la morale réprouve, son talent cachera ce dernier... ». Saluons la largeur d'esprit de Cosme l'Ancien, sans oublier cependant que l'attirance d'un homme, fut-il religieux, pour les femmes, n'est jamais un vice en soi. Il faut regarder à travers le prisme de la religion pour adopter une image aussi déformée de la réalité humaine. Mais Cosme savait repérer le talent : le prodigieux Sandro Botticelli (1444/45-1510) entra comme élève dans l'atelier de Lippi en 1465 et le fils de Filippo Lippi, le jeune Filippino, devint lui-même l'élève de Botticelli. En savoir plus sur http://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-15-16e-siecles/filippo-lippi.html#7zJH8JZ8qbf58GZ6.99 |