Titre : | Père (2004) |
Auteurs : | Marie Rouanet, Auteur |
Type de document : | Article : texte imprimé |
Dans : | Prier (n° 261, Mai 2004) |
Article en page(s) : | p. 9 |
Langues: | Français |
Note de contenu : |
"Et que feras-tu, si de l'autre côté, ton père te tend les bras ?" demandait Claudel à un ami athée. "Pardi, répondit l'autre, je me précipiterai vers lui." Le jour où je connus cette réponse, la vieille peur de la sanction que nous portons en nous me quitta définitivement.
Passée la mort, e n'est pas un justicier que nous trouverons. Ou il n'y aura rien ou ce sera le Père attendu. Comment ne pas être en paix lorsque l'on avance vers celui dont le père terrestre nous donna une image imparfaite. Aux soirs de chasse, celui que j'appelais "papa" me rapportait une plume de geai ou une pigne amandière. C'était son seul jour de congé et il pensait à moi. Pensais-je à lui ? Il me paraissait indestructible. J'allais lui dire bonjour dans son atelier de mécanicien : comme il était fort, résistant au froid, ordonné jusqu'à , être tatillon, capable de plier le fer au feu de la forge. Mais par ailleurs je le savais coléreux, intolérant et faible. |